Deux festivals de cinéma et deux exemples de femmes derrière la caméra
Singapour met le cinéma à l’honneur cette semaine. D’abord le cinéma français avec la 4ème édition du Rendezvous with French Cinema qui se déroule jusqu’au 7 décembre dans la Cité-Etat, puis le cinéma international quoique essentiellement asiatique avec le Singapore International Film Festival (SGIFF) qui a débuté hier pour une dizaine de jours.
Le festival français met l’accent cette année sur Juliette Binoche -l’une des actrices françaises les plus connues à l’étranger pour son rôle dans le Patient anglais en 1996- en programmant la projection du documentaire « Juliette Binoche : dans les yeux » réalisé par sa sœur Marion Stalens. Mais ce Rendezvous avec « le meilleur du cinéma français contemporain » fait aussi la part belle à une nouvelle génération d’acteurs et de réalisateurs français. Audrey Dana, la réalisatrice de « Sous les jupes des filles » et Philippe de Chauvron, le réalisateur de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » accompagné de deux de ses acteurs Medi Sadoun et Emilie Caen, forment la relève et sont venus à Singapour présenter leur film.
Le SGIFF célèbre quant à lui son 25ème anniversaire, avec 147 films de 50 pays différents présentés. Pour la première fois, le festival s’est ouvert avec la projection d’un film singapourien, « Unlucky Plaza » de Ken Kwek. « Ceci est un changement significatif qui révèle notre engagement à développer nos propres talents », explique Wahyuni Hadi, directrice exécutive du SGIFF. L’organisatrice du festival rappelle que « le cinéma singapourien a émergé dans les années 1990. Après l’indépendance de Singapour, il y a eu une période de transition pendant laquelle le pays a du développer sa propre industrie cinématographique et trouver son identité ». Mais aujourd’hui, selon Wahyuni Hadi « une vingtaine de films sont produits chaque année, ce qui est plutôt beaucoup par rapport à la taille du pays », précise-t-elle.
Deux portraits de femmes
Wahyuni Hadi, justement est aussi la co-productrice du film d’Anthony Chen « Ilo-Ilo » qui est le premier film singapourien à avoir remporté en 2013 la Caméra d’Or au Festival de Cannes. « Ce film est devenu une référence pour notre cinéma », raconte la jeune femme connue dans le milieu pour son engagement dans la promotion du cinéma indépendant singapourien. En 2013, elle publie « Derrière la caméra », un livre qui retrace l’histoire contemporaine de l’industrie du film singapourien à travers une série d’anecdotes personnelles. « Le cinéma, comme beaucoup d’autres secteurs, est dominé par les hommes, notamment en Asie du Sud-Est, explique la directrice exécutive du SGIFF. Cependant, confie-t-elle, il y a un nombre croissant de femmes productrices, commissaires ou directrices artistiques et j’espère surtout pouvoir servir d’exemple aux jeunes femmes qui veulent tenter leur chance dans l’industrie cinématographique ».
La française, Audrey Dana, est un autre exemple de femme qui ose, cette fois en France. A 37 ans, elle vient de réaliser son premier long-métrage, « Sous les jupes des filles », qu’elle est venue présenter dans la Cité-Etat. Entourée d’une jolie bande de dix copines actrices, Audrey Dana fait ses débuts derrière la caméra avec un film engagé et féministe. « Je veux adresser un message de liberté aux femmes », explique la réalisatrice qui se compte parmi « seulement les 3% de réalisatrices dans le monde ». Audrey Dana appartient à cette nouvelle génération d’actrices du cinéma français. Repérée par Lelouch, elle est nommée en 2008 aux César du Meilleur Espoir Féminin pour le film « Roman de gare » et remporte le prix Romy Schneider. Elle est ensuite à l’affiche notamment de « Bruit de glaçons » de Bertrand Blier, de « Ces amours-là » de Claude Lelouch et de « Denis » de Lionel Bailliu. Audrey Dana qui « désormais ne voudrai(t) plus que faire de la réalisation », prépare un second long-métrage « Si j’étais un homme », prévu pour septembre 2016.