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Pour Marie, « le chocolat comme la cuisine, ça vient du cœur ». Et c’est justement avec une grande bonté que ce maître-chocolatier pratique son métier.

Arrivée à Singapour il y a un an et demi à peine, la Française a installé ses cuisines à Paya Lebar, dans les locaux de l’APSN – Association for Persons with Special Needs. Marie travaille avec une quinzaine d’adultes singapouriens à faible quotient intellectuel et leur apprend à faire du chocolat mais aussi à le préparer et l’emballer pour le vendre ensuite à des entreprises.

« C’est fantastique de travailler avec eux; ils sont très drôles; ils sont pleins de vie », raconte Marie, elle aussi toujours joviale.

Un métier, une passion

« Je fais un métier génial, je fais du chocolat et je le travaille enfin comme j’aime le faire », explique la fondatrice de l’entreprise sociale Wildness.

L’équipe singapourienne de Wildness dans les locaux de l’APSN.

Marie est une gourmande. Et à force de manger du chocolat noir, elle est victime d’une rare intoxication à l’oxalate le soir de son anniversaire l’année dernière. Le chocolat c’est sa passion. Après avoir étudié dans une école de Cuisine, mention spéciale Chocolaterie, elle se perfectionne auprès du célèbre maître-chocolatier lyonnais Maurice Bernachon.

En 2011, elle fait même l’acquisition au Brésil d’une plantation sur laquelle pousse notamment du cacao.  C’est là qu’elle vit avec sa famille pendant quelques années avant de retrouver « sa maison » : la Nouvelle-Zélande. 

Marie arrive à Wellington à l’âge de 22 ans. A l’époque, elle travaille pour la chaîne hôtelière Intercontinental. Le pays des Kiwis devient son pays d’adoption dont elle a même obtenu la nationalité. Et c’est là que tout a commencé.

Une parenthèse brésilienne

En 2014, à son retour du Brésil donc, Marie, maman de trois enfants décide de créer sa chocolaterie, en travaillant notamment un fruit qu’elle a découvert à Bahia… le Cupuaçu (prononcé « Ku-poo-ah-soo ») qui appartient à la même famille que le cacao. Toutes les semaines, elle reçoit du Brésil par courrier, sous vide, des morceaux de fruits séchés qu’elle mélange à son chocolat. Une façon pour elle de faire découvrir cette chaire blanche aux nombreuses propriétés anti-oxydantes.

Autre souvenir du Brésil, le logo de la chocolaterie : un petit singe, un Capucin du Parc de Conduru.

Des prisonniers comme employés

Un soir, en regardant – installée dans son salon à Wellington- un documentaire de Pierre Bellemare sur le travail des prisonniers en France, la jeune entrepreneure a l’idée de recourir aux détenus pour l’aider dans son entreprise. Dès le lendemain, elle reçoit l’accord du « Department of Corrections » de travailler avec la prison de Rimutaka, située à une heure de la capitale, en pleine forêt.

Marie commence alors dans le quartier des femmes avant de s’agrandir et de s’installer dans la partie réservée aux hommes. Et c’est donc pour des raisons de sécurité que l’on taira son nom de famille. 

Wildness est la seule entreprise privée à être installée à l’intérieur même d’une prison néo-zélandaise. Mais pas question pour Marie de payer sa quinzaine d’employés au salaire habituellement bas versé aux prisonniers. Elle veut les payer normalement. « Ils s’occupent de l’impression des emballages, de la gestion des stocks de chocolats, de l’emballage des commandes et de la distribution jusqu’aux clients », explique Marie. Ils sont tous dans des endroits différents de la prison, purgeant des peines allant de douze ans à perpétuité, mais ils ont trouvé une façon de s’organiser. Le chocolat est quant à lui fabriqué à côté, à l’extérieur de la prison.

« Ma plus grande victoire est d’avoir donné sa chance à un détenu que personne ne voulait embaucher pour des missions à l’extérieur de la prison, raconte Marie. Il avait 27 ans lors de son incarcération et avait une peine de 30 ans à purger. Il est devenu mon chef d’équipe pendant 2 ans, il a retrouvé son estime de soi et aujourd’hui, il est employé à l’extérieur. C’est une très grande perte pour moi mais pour lui c’est bien ».  

Marie partage désormais son temps entre la Nouvelle-Zélande et Singapour, et en son absence, les détenus gèrent eux-mêmes les commandes. La Française de 40 ans a tissé de véritables liens avec ses employés d’ici ou là-bas. 

« C’est rare de ressentir autant de sentiments différents dans son métier, ajoute-t-elle. Travailler avec des personnes qui ont des besoins spécifiques n’a rien à voir avec une expérience auprès des prisonniers. »

Un chocolat exigeant

Le chocolat de Marie est noir ou rose, mais pas que… Il est aussi issu de l’agriculture biologique et provenant de plantations interdisant le travail des enfants, dans un respect profond de l’environnement. Son emballage imprimé à l’encre de soja est 100% biodégradable. « Les gens doivent comprendre que l’on peut faire du business tout en étant bio et social », conclut-elle. 

Jeremy Tong devrait débuter l’ascension de l’Everest d’ici quelques jours pour devenir le plus jeune Singapourien à escalader le plus haut sommet du monde.

Le Printemps fleurit à peine au Népal mais avant que les pluies de la mousson estivale ne s’abattent sur l’Himalaya, Jeremy Tong s’apprête à gravir l’Everest. Le Singapourien de 27 ans, arrivé à Katmandou la semaine dernière, devrait commencer d’ici quelques jours son acclimatation à l’altitude puis son ascension si les conditions météorologiques le permettent. Il veut devenir le plus jeune Singapourien à escalader le plus haut sommet du monde.

Cette fois-ci, il est plus que jamais déterminé à atteindre le célèbre sommet qui culmine à 8.848 mètres d’altitude. En 2017, il avait du renoncer à seulement 150 mètres et 1h30 de l’arrivée sur le toit du monde, de peur de perdre ses orteils déjà engourdis par le froid.

Une intense préparation physique et mentale

Cette année, Jeremy Tong s’est entre autre équipé de semelles chauffantes à batterie qui devraient lui permettre de garder ses pieds au chaud malgré les températures extrêmes pouvant avoisiner les -45°C.

Jeremy Tong, surnommé Ah Tong, se prépare depuis de longs mois pour l’ascension de l’Everest, un rêve qu’il souhaite accomplir. ©Jeremy Tong Climbs

Il est aussi plus préparé mentalement qu’il y a deux ans. Jeremy Tong a su transformer cette expérience malheureuse de 2017 en un succès : il en est revenu en vie. Ce qui n’a malheureusement pas été le cas de cette personne dont il a vu le corps inerte allongé à quelques centimètres de lui, lorsqu’il était à plus de 8.000 mètres d’altitude.

« J’étais sous le choc mais ma peur ne devait pas prendre le dessus, je devais rester concentré »

Jeremy Tong, aussi surnommé Ah Tong

Grimper l’Everest c’est son rêve! Et rien, ni personne ne peut l’en empêcher, pas même la naissance de son fils, il y a un mois.

En 2017, Jeremy Tong fait partie de l’équipe singapourienne NTU-NIE (Nanyang Technological University – National Institute of Education) et tente pour la première fois l’ascension de l’Everest mais il devra renoncer à quelques centaines de mètres du sommet.

L’escalade, une passion

C’est aussi un rêve de gosse. C’est à l’âge de 14 ans que Jeremy Tong a escaladé sa première montagne, le Mont Ophir en Malaisie. Depuis, l’escalade est devenue sa passion et même son métier. Après des études spécialisées dans les sciences du Sport et le management à la Nanyang Technological University of Singapore, il décide de devenir guide et d’organiser des treaks ou des ascensions pour d’autres. Il est aussi consultant et propose des séances de team building pour les entreprises.

« L’escalade est un sport unique, qui nous incite à repousser les limites, en prenant des décisions difficiles, mais la vie ce sont aussi des décisions difficiles ». 

Au total, le jeune homme a déjà grimpé 43 montagnes et atteint les sommets de 36 d’entre elles. Le Kilimandjaro qu’il a monté deux fois, n’a plus de secret pour lui. 

Lors de ses ascensions, Jeremy Tong est méticuleux. La sécurité est sa priorité. ©Jeremy Tong Clims

« Lorsque je sens que je veux abandonner, je me dis ‘’encore un pas, n’arrête pas’’ et je me rappelle mon moto ‘’l’esprit est plus fort que mon corps’’ ».

A Singapour, Jeremy Tong a su trouver une façon de s’entraîner. Il court beaucoup et monte dix à quinze fois de suite les escaliers d’un immeuble de 31 étages, avec un sac à dos de 15 kg sur son dos, et ce deux fois par semaine. 

Jeremy Tong s’est envolé la semaine dernière pour le Népal, en gardant à l’esprit sa priorité, la sécurité avant tout.

« Je dois vraiment faire attention à chaque pas, jour et nuit, et être précis : clipper (le mousqueton, ndlr) et avancer ».

Jeremy Tong souhaite également cette année venir en aide aux enfants atteints de cancer. Il a décidé de soutenir la Children’s Cancer Foundation pour laquelle il espère lever 15.000 SGD. Il y a deux ans, il avait réussi à récolter 13.000 SGD pour la Singapore Cancer Society.

Frédérique Bedos, c’est un sourire radieux, un cœur rempli d’amour, une énergie inégalée… La journaliste, réalisatrice et surtout fondatrice du « Projet Imagine » était de passage à Singapour la semaine dernière, pour présenter notamment à l’INSEAD et au Lycée Français de Singapour, son ONG, pour que de l’inspiration naisse l’action… Portrait d’une femme authentique au parcours hors du commun.

Diplômée de l’École du Louvre et spécialiste d’égyptologie, la jeune femme à peine âgée de 23 ans à l’époque, est repérée dans un restaurant par le dirigeant américain de la chaîne Fashion and Design TV. Celle qui rêvait avec passion de pharaons et de pyramides, commence alors de façon imprévue une carrière de journaliste à New-York, à Londres et à Paris. Animatrice sur plusieurs chaînes de télévision et de radios – MTV Europe, France 2, M6, MCM, W9, Rire et Chansons et Europe2-  Frédérique Bedos interviewe les plus grandes stars du show-bizz, et présente plusieurs évènements musicaux de renom tels que les 20 ans des MTV Europ Music Awards ou encore les Victoires de la Musique.

Mais en 2008, elle commence à porter un regard critique sur le métier qu’elle pratique depuis tant d’années. Pour Frédérique Bedos, « il est hors de question de mettre son énergie au service de médias qui diffusent la peur ». Elle constate que la qualité des programmes diminue, la violence envahit les écrans et les informations les plus déprimantes sont diffusées en boucle sur les chaînes de télévision.

Frédérique Bedos ne veut pas exercer ce journalisme là. Au même moment, c’est son histoire personnelle qui remonte à la surface. Une histoire émouvante qui laisse des traces et qu’elle raconte dans son livre « La petite fille à la balançoire » sorti en 2013 (ed. Les Arènes 2013, réed. « J’ai Lu » 2015 »).

Une enfance hors du commun

Née d’un père haïtien qu’elle n’a jamais connu et d’une mère à la santé fragile, Frédérique Bedos est secourue par une famille d’accueil modeste du Nord de la France. Marie-Thérèse et Michel, ses parents adoptifs ont sauvé au fil des années une vingtaine d’enfants que l’on disait ‘’inadoptables’’, à cause de blessures ou de handicap trop lourds. « Mes parents adoptifs se sont laissés porter par leur cœur et ils ont pris le risque d’aimer ».

Dans une petite maison à Croix, Frédérique Bedos grandit au milieu d’une ribambelle d’enfants d’origines différentes. Parmi ses frères et soeurs, il y a Cathy qui est sourde profonde, Gaston, qui est défiguré et qui a perdu la vue en tombant dans un feu, Pierre-Vincent qui est né sans bras ni jambes mais aussi Virginie de Corée du Sud, Helen d’Inde du Sud, Lina et Nary, deux sœurs cambodgiennes… « Tout n’était pas facile à la maison mais qu’est-ce qu’on a pu rire », raconte émue Frédérique Bedos. « On était de tous les continents, de toutes les cultures, de toutes les religions et atteints de différentes blessures. Il y avait tout pour nous séparer et tout pour nous faire peur, mais l’amour nous a permis de tout surmonter. », confie-t-elle.   

« En 2008, je refais le puzzle et me rends compte que mes parents sont des héros, des héros humbles car la gloire n’a jamais été leur moteur. Et je réalise que des héros de ce type, il y en a partout dans le monde », explique la jeune femme. Alors elle quitte le monde des médias traditionnels. Finis les paillettes et les projecteurs.

Le Projet Imagine, une ONG d’information créée en 2010 qui a pour credo « de l’inspiration naît l’action ».

En 2010, Frédérique Bedos crée une ONG qui s’appelle « Le Projet Imagine » et qui est encore aujourd’hui la seule ONG d’information dans le monde.  Pratiquer « le journalisme avec espérance », c’est devenu son objectif. « Ce n’est pas du journalisme positif ou de bonnes nouvelles », précise-t-elle. Elle veut regarder les problèmes bien en face, profiter de la puissance de frappe des médias pour diffuser l’espérance et donner aux citoyens l’envie d’agir. Son slogan « de l’inspiration naît l’action ».

Sa manière à elle de raconter les histoires est différente. La journaliste professionnelle qu’elle est, veut s’intéresser aux gens et dresser en image le portrait de ces héros humbles. Qui sont-ils ? « Ce sont ceux qui soulèvent des montagnes, qui sont dans le dépassement de soi mais pas pour eux-mêmes, toujours pour la communauté qui les entoure et au-delà », définit Frédérique Bedos. Elle commence l’aventure avec de tous petits moyens et une caméra empruntée. Mais très vite, elle reçoit des messages d’encouragements, des petits chèques et l’aide de bénévoles. 

Le Projet Imagine rayonne à travers le monde

Depuis presque dix ans, le Projet Imagine a réalisé une trentaine de cours, moyens et longs métrages. Son premier film, « Des Femmes et des Hommes » a été sélectionné au Festival de Cannes en 2016, a reçu le Prix d’Argent du meilleur film documentaire aux Deauville Green Awards en 2016 et devient la référence internationale sur le thème de l’égalité femmes-hommes dans le monde. Son second long métrage, « Jean Vanier, le Sacrement de la Tendresse » est sorti sur grand écran en France en janvier dernier. Cet hommage au fondateur de l’Arche a, lui aussi, été sélectionné au Festival de Cannes, cette fois en 2017.

Le Projet Imagine, désormais doté du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations-Unies, a ainsi obtenu une vraie reconnaissance internationale et institutionnelle. Frédérique Bedos, a elle reçu en 2017, les insignes de chevalier de l’Ordre National du Mérite et a été primée cette année à Miami du « Women who make a difference » Award de la part de l’International Women’s Forum (IWF).

L’ONG qui s’appuie désormais sur un réseau d’environ 45O bénévoles à travers le monde, a également conçu des programmes d’accompagnement vers l’action qu’elle déploie au sein des écoles, des entreprises ou même des prisons pour que l’action de ces héros discrets en inspire d’autres.

Des risques, Frédérique Bedos en a pris toute sa vie et continue d’en prendre aujourd’hui. Mais ça en vaut la peine ! Son ONG porte un message d’amour, l’antidote à la peur.

Pour en savoir plus:

Le Projet Imagine

Melissa Lam alias the Bamboo Straw Girl, est devenue à Singapour la spécialiste des pailles en bambou.

De son sac à main, Melissa Lam sort un étui en tissu réalisé à partir de chutes de batik indonésien, avec à l’intérieur une paille en bambou et son goupillon. Depuis près de 5 ans, la jeune singapourienne de 27 ans ne se sépare plus de ses accessoires devenus indispensables à son quotidien.

C’est en voyageant il y a quelques années avec des amis de nationalités différentes et sensibles aux sujets environnementaux que Melissa Lam prend conscience de ces problématiques et veut adapter son mode de vie. 

« Au départ, je voulais juste changer mes habitudes, car même si à Singapour on ne voit pas les déchets, ceux-ci vont bien quelque part », explique-t-elle. Melissa Lam décide alors d’utiliser des pailles en bambou pour remplacer celles en plastique jetables. Pour elle, boire avec une paille en bambou dans un café, « c’est plutôt cool » et cela suscite la curiosité des voisins de table donc « c’est aussi une excellente façon d’entamer une discussion ! »

Melissa Lam alias the Bamboo Straw Girl est devenue à 27 ans la spécialiste des pailles en bambou à Singapour. ©Melissa Lam

 « Mes deux premières pailles ont été taillées à partir de chutes de bambou et provenaient de l’atelier d’un artisan qui travaille le bambou au Japon », précise la jeune femme qui a toujours aimé l’artisanat réalisé à partir de cette plante.

« Mes amis ont trouvé l’idée folle et ridicule mais je savais que si je continuais à utiliser ces pailles en bambou, ils finiraient par y voir un intérêt. Après deux semaines d’utilisation, ils m’en ont réclamé », poursuit-elle. C’est donc en 2013 que Melissa Lam décide d’en faire fabriquer en Indonésie, dans des villages au bord de la mer, à Bali ou Java. 

« J’ai commencé ma petite affaire sur Instagram. Des clients notamment aux États-Unis me commandaient des pailles pour boire des smoothies. Puis, j’ai fait un site Internet mais ce n’est que depuis 2017 que le business s’est véritablement développé », confie celle qu’on surnomme désormais the Bamboo Straw Girl.

Aujourd’hui, Melissa Lam gère une production de plus de 20.000 pailles par mois et compte des clients Singapouriens, Américains, Coréens et Australiens. Son offre produit s’est aussi élargie à divers objets écologiques du quotidien tels que des brosses à dents, des couverts, des gourdes en bambou ou même des savons, des déodorants et des sachets de thé en coton réutilisables…

L’entrepreneuse est tous les jours en contact avec ses partenaires indonésiens qui lui fabriquent ses pailles, ses pochons en batik et autres objets en bambou. « Depuis que je travaille avec eux, j’ai pu noter une amélioration de leur niveau de vie dans le village, c’est une relation à bénéfices mutuels », confie Melissa Lam. 

Et l’activité est aussi respectueuse de l’environnement. Car « une fois coupé, le bambou ne meurt pas mais repousse en à peine un mois », précise-t-elle avant d’ajouter que « le bambou a la forme naturelle d’une paille, il pousse ainsi, tout est naturel. »

Melissa Lam gère ses commandes et son entreprise sociale de son domicile, situé à Jurong, à quelques rues de chez ses parents. Elle partage avec sa sœur un appartement qui lui sert aussi de salle de classe. Depuis dix ans, Melissa Lam donne des cours d’anglais à plus d’une cinquantaine d’enfants. Sept jours sur sept, elle accueille des petits groupes d’élèves fidèles avec qui elle aime discuter de sujets environnementaux. « Mes élèves ont tous mes produits, ce sont mes meilleurs ambassadeurs », dit-elle en souriant.

Débordante d’énergie, Melissa Lam jongle entre ses deux activités, ses deux téléphones et ses différents comptes Instagram. La jeune femme se sent libre et aime ce qu’elle fait au point de vouloir combiner ses deux passions : l’enseignement et la nature. Melissa Lam rêve de créer une école verte pour que les enfants puissent découvrir le week-end des activités en extérieur. Un projet qu’elle garde dans le coin de sa tête.

Pour en savoir plus:

https://bamboostrawgirl.com

La jeune singapourienne, Kyra Poh, veut faire aimer et découvrir son sport, la chute libre en salle. Avec l'aimable autorisation de Kyra Poh et le copyright de Team Firefly.

La jeune singapourienne, Kyra Poh, veut faire aimer et découvrir son sport, la chute libre en salle. Avec l’aimable autorisation de Kyra Poh et le copyright de Team Firefly.

Kyra Poh vole et virevolte à nous faire tourner la tête. Elle, pourtant, est à peine étourdie. Comme une plume tournoie dans les airs, cette jeune singapourienne vêtue d’une combinaison blanche, enchaine les figures acrobatiques contre des vents de plus de 300km/heure dans la soufflerie de Sentosa –iFly, unique à Singapour.

A seulement 16 ans, Kyra Poh est déjà plusieurs fois championne de chute libre en salle. En 2016 en Pologne puis en 2017 au Canada, elle arrive en tête de sa catégorie Junior lors de la Coupe du Monde de chute libre en salle. Elle s’impose aussi deux années de suite en Espagne en raflant deux médailles d’or aux WindGames de 2017 puis de 2018.

Kyra Poh est également détentrice de plusieurs records inscrits dans le célèbre Guinness des Records dont celui du plus grand nombre de galipettes arrières réalisées, soit 68 en une minute, dans le tunnel de la soufflerie verticale de iFly, et ce en 2013.

 

Une passion familiale

« J’ai passé la moitié de ma vie à voler », raconte la jeune singapourienne. Mais c’est par hasard que tout a commencé il y a 8 ans. A l’époque, sa mère s’occupe de faire la publicité pour iFly et cherche à filmer des personnes en train de voler en salle. Elle amène donc Kyra sur le tournage avec une autre fillette, devenue sa coéquipière aujourd’hui.

Depuis, la chute libre en salle est devenue une passion pour Kyra Poh et un mode de vie pour toute la famille. L’athlète s’entraîne plusieurs fois par semaine voire tous les jours en période de compétition, une fois sa journée de cours terminée à l’école « School of the Arts » (SOTA). Sa mère entrepreneuse est aussi devenue son entraineuse. « Elle ne sait pas voler mais comme elle m’a vu m’entraîner pendant toutes ces années, elle sait comment je peux m’améliorer et m’aide quotidiennement », ajoute Kyra Poh. Son père aussi très présent, assiste régulièrement aux entrainements auxquels participe désormais la petite sœur de Kyra, âgée de 8 ans.

 

 

Mais pour son propre entraînement, Kyra Poh doit s’étirer tous les jours car dit-elle, elle n’est pas « très flexible ». Un entraineur européen vient aussi quatre fois par an pour conseiller les 5 jeunes qui s’adonnent à cette activité à Singapour : Kyra Poh, sa sœur, sa co-équipière, et deux autres enfants de 8 et 10 ans. Pour la préparation de ses chorégraphies, la sportive s’inspire de la danse, de la gymnastique et du patinage artistique. « Je regarde beaucoup de vidéos et ensuite je fais des essais dans la soufflerie », explique Kyra Poh. « Ce qui est drôle c’est que hors du tunnel, je ne peux pas danser. C’est juste à l’intérieur de la soufflerie que j’arrive à danser, à flotter et à être gracieuse, en dehors pas vraiment », rigole-t-elle.

 

Vers Paris 2024…

Jeune, Kyra Poh rêvait d’être astronaute pour pouvoir voler et flotter dans les airs. Aujourd’hui, son rêve est de faire connaître la chute libre en salle et de voir ce sport entrer en compétition aux Jeux Olympiques de 2024, à Paris. Alors l’athlète s’est mise à apprendre le français, une langue qu’elle aime beaucoup et envisage même d’étudier en France éventuellement. En juin dernier, la jeune Singapourienne a d’ailleurs visité la capitale française avant de se rendre en Norvège pour y suivre son premier stage de saut en parachute. Le cadeau de ses 16 ans. Mais ce voyage qu’elle attendait depuis si longtemps a failli tourner au drame. Kyra Poh s’est cassée une côte lors d’un atterrissage difficile. Heureusement, la championne est déjà sur pied et se prépare à la Coupe du Monde de chute libre en salle qui a lieu à Bahreïn en Octobre prochain et pour laquelle elle figurera pour la première fois dans la catégorie adulte.

 

Irene Ong est la femme qui se cache derrière les pâtisseries Peranakan du restaurant True Blue. ©St Francis Enterprise

Irene Ong est la femme qui se cache derrière les pâtisseries Peranakan du restaurant True Blue. ©St Francis Enterprise

C’est dans sa cuisine, chez elle, à l’abri des regards indiscrets qu’Irene Ong prépare ses tartelettes à l’ananas. Elle préfère cuisiner seule et loin de l’effervescence du restaurant pour lequel elle travaille, True Blue, situé sur Armenian Street. Une façon pour elle de conserver sa précieuse recette qu’elle tient de ses grandes-grandes tantes et qu’elle a depuis améliorée au point d’en avoir deux pour contenter tout le monde.

La première recette typiquement Peranakan (la culture Peranakan provient du mariage de la culture chinoise et de la culture malaise) est croustillante avec des croisillons qui ornent le dessus de la mignardise. C’est celle-ci qui figure sur la carte des desserts du restaurant. La seconde plus moelleuse, et donc plus riche en beurre est préparée uniquement en vue des célébrations du Nouvel An chinois. Alors chaque année, durant le mois qui précède les festivités, Irene Ong s’affère en cuisine dès 5 heures du matin –et jusqu’à 22 heures- pour confectionner sans relâche chacune de ses 6.000 tartelettes à l’ananas, faites à la main et vendues –la plupart sur commande- à True Blue Space, le café attenant au restaurant Peranakan du même nom.

Pour le blogueur et critique gastronomique singapourien Seth Lui, les « Pineapple tarts » de True Blue figurent en tête de son classement des meilleures tartelettes à l’ananas de Singapour. « Les tartelettes à l’ananas (…) sont minces, larges et moelleuses. En plus de cela, la confiture d’ananas est dense et dégage une saveur douce et forte. La croûte qui s’effrite doucement avec la confiture d’ananas donne un goût légèrement contrasté qui fait ressortir l’essence de la délicatesse », peut-on lire sur le site Internet www.sethlui.com.

Et c’est en effet avec beaucoup de délicatesse que Nyonya Irene – c’est ainsi que l’on appelle les femmes Peranakan– s’adonne à ce qui est devenue sa passion. « J’ai grandi avec ma grand-mère et ses deux sœurs, elles faisaient souvent de la pâtisserie donc j’ai appris grâce à elles », explique Irene Ong. Et de poursuivre, « quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai commencé à préparer mes tartelettes à l’ananas et à faire mes propres ajustements. Au moment du Nouvel An chinois, je les vendais à mes collègues de bureau qui étaient ravis d’avoir des gâteaux pas chers. »

Depuis, Irene Ong continue de décorer soigneusement chaque tartelette une à une et de préparer elle-même sa confiture à l’odeur si parfumée. Elle coupe, presse et écrase près d’une centaine d’ananas avant d’y ajouter notamment de la cannelle et des clous de girofle. Vêtue d’un kebaya, la tenue brodée traditionnelle Peranakan, la Singapourienne de 63 ans a le sens du travail et du détail.

Les tartelettes à l'ananas, un savoir-faire gardé secret par Irene Ong. ©St Francis Enterprise

Les tartelettes à l’ananas, un savoir-faire gardé secret par Irene Ong. ©St Francis Enterprise

Ce n’est pas tant sa recette mais son savoir-faire et son procédé minutieux qui sont un secret. « Les gens veulent m’aider mais je sais qu’ils veulent juste ma recette. Moi, je veux la garder au sein de ma famille, confie-t-elle. Je n’ai pas de fille, je n’ai qu’un fils alors on me demande ce que je vais en faire de ma recette mais je réponds que je dois y réfléchir. Quand je serai plus âgée, peut-être que je la donnerai à ma belle-fille ou à mes nièces… », s’amuse-t-elle. Outre les tartelettes à l’ananas, Irene Ong confectionne également d’autres pâtisseries traditionnelles Peranakan telles que les Kueh Bangkek (cookies de tapioca à la noix de coco) ou le Sugee Cake (gâteau à base de semoule)…

Une fois passées les fêtes du Nouvel An chinois, la cousine du Chef du restaurant True Blue, Benjamin Seck, se consacrera à son autre passion : la scène. Nyonya Irene est aussi actrice sur les planches et devant la caméra.

 

 

Istana, le palais présidentiel de Singapour. ©Colombe Prins

Istana, le palais présidentiel de Singapour. ©Colombe Prins

A 63 ans, Halimah Yacob devient Présidente de Singapour pour un mandat de six ans.

En prêtant serment aujourd’hui à l’Istana, Halimah Yacob est devenue la première femme Présidente de Singapour et la huitième personne à occuper cette plus haute fonction depuis l’indépendance du pays en 1965.

La nouvelle dirigeante est d’origine malaise, comme l’était également le premier Président de la Cité-Etat, Encik Yusof bin Ishak.

Avocate de formation, Halimah Yacob a mené une carrière syndicale pendant plus de trente ans en travaillant pour le Congrès National des Syndicats (« National Trades Union Congress », NTUC).

En 2001, cette mère de cinq enfants s’engage en politique et fait son entrée au Parlement. Elle conserve son siège de député aux élections de 2006, 2011 et 2015. Halimah Yacob est par la suite nommée Ministre d’Etat en charge du Développement communautaire, de la Jeunesse et des Sports avant de devenir la première femme Présidente du Parlement de 2013 à 2017.

En août dernier, Halimah Yacob démissionne de ses responsabilités pour s’engager pleinement dans la campagne présidentielle. Il y a quelques jours, elle est finalement la seule candidate à obtenir son certificat d’éligibilité, devenant ainsi la première femme Présidente de Singapour.

La nouvelle dirigeante a annoncé ne pas souhaiter s’installer à l’Istana pendant son mandat, préférant continuer à vivre dans son appartement familial à Yishun.

Le chef Justin Quek © Justin Quek Martell

Le chef Justin Quek, à la tête du restaurant Sky on 57 © Justin Quek – Martell

Justin Quek aime mélanger les genres et c’est avec audace qu’il travaille les saveurs asiatiques avec les techniques culinaires françaises. Depuis 2010, le chef singapourien reconnu dans toute l’Asie dirige le restaurant Sky on 57 situé au dernier étage du Marina Bay Sands. L’établissement réputé pour sa vue panoramique est une grosse machine de 45 cuisiniers qui sert près de 600 couverts chaque jour. Mais avant d’avoir la tête dans les nuages au 57ème étage du plus célèbre hôtel de Singapour, c’est dans les calles de bateaux, trente ans plus tôt que le jeune Justin Quek a fait ses débuts en cuisine.

Lui qui a grandi dans le quartier de Queen Street où ses parents ont un étal de fruits, a des envies d’ailleurs. Alors après son service militaire, le jeune homme issu d’une famille nombreuse postule comme steward à bord d’un gros bateau de commerce. Derrière les fourneaux, il apprend à préparer des pâtisseries ainsi que quelques plats chinois. A chaque escale, il en profite aussi pour découvrir les spécialités locales : les pizzas en Italie, les tortillas au Mexique et le tofu en Chine.

Un détour par la France

De retour à Singapour, Justin Quek, 23 ans et les cheveux longs, est embauché par l’Oriental Hotel qui lui finance également une formation culinaire. Après une expérience à Bangkok, l’apprenti cuisinier rejoint à Singapour le restaurant Fourchettes dirigé par Bertrand Langlet. Ce chef français qui sera l’un de ses mentors lui conseille d’aller travailler en France, alors pendant près d’un an, Justin Quek prend des cours de français à l’Alliance Française. A 29 ans, le Singapourien qui vient de dépenser toutes ses économies pour financer son voyage, arrive à Paris, plein d’énergie et prêt à tout apprendre. De cette formation aux côtés de grands chefs cuisiniers français tels que Christian Constant, Jean Bardet et Roland Mazère, le jeune Justin Quek s’imprègne de leurs techniques culinaires mais retient surtout l’importance d’utiliser des bons produits, de saison. Il découvre la Vallée de la Loire et le canard de Challans, le Périgord et la truffe.

Sa carte de séjour arrivant à expiration, il retrouve sa Cité-Etat et devient le premier chef cuisinier asiatique de l’Ambassade de France à Singapour.

 

Une notoriété asiatique

Justin Quek se lance ensuite dans une nouvelle aventure et ouvre en 1994 avec un ami leur premier restaurant dénommé Les Amis à juste titre. C’est ensuite à Taipei et à Shanghai que Justin Quek lance deux nouveaux établissements La Petite Cuisine et Le Platane. Depuis près de 6 ans, il est à la tête du Sky on 57, restaurant moderne et sophistiqué dont l’emplacement lui confère une grande notoriété. Justin Quek vient également de lancer une gamme de sauces aux saveurs asiatiques sous la marque JQ.

Celui qu’on surnomme en cuisine le « Typhon » est à la fois strict et généreux dans sa façon de transmettre son savoir-faire. Et c’est avec fierté qu’il prépare pendant plus de 20 ans le dîner d’anniversaire de l’ancien Premier ministre Lee Kuan Yew.

La chanteuse singapourienne Bevlyn Khoo. ©Bevlyn Khoo

La chanteuse singapourienne Bevlyn Khoo. ©Bevlyn Khoo

Avec sa voix suave, sa chevelure auburn et son large sourire, Bevlyn Khoo est un petit bout de femme pétillante et très occupée.

C’est elle qui a composé et interprété la musique de la série télévisée « Jump Class » sortie en avril dernier sur la chaîne cablée de Starhub E City. La chanteuse en a d’ailleurs fait un album intitulé « Change the world » qu’elle a produit avec son propre label StoryTeller Wave créé en 2013. Mais avant d’être productrice, Bevlyn Khoo est surtout une artiste, auteur-compositeur-interprète de musique jazz et pop.

Elle joue aussi bien du ukulélé que du piano. Dès l’âge de 4 ans, elle commence à faire ses premières notes sur le piano de son oncle. Ses parents et ses proches sont des amoureux de musique. Pourtant Bevlyn Khoo choisit de suivre des études de psychologie à l’Université nationale de Singapour (NUS) et devient conseillère auprès des jeunes dans un centre de services familiaux du Rotary. Mais après un an et demi en tant que conseillère, « je me sentais déprimée, je pleurais derrière mes lunettes, dans le bus en rentrant du travail, je ramenais les problèmes à la maison », confie la jeune Singapourienne qui a donc décidé de démissionner pour se consacrer à la musique, sa passion

Une artiste indépendante…

En 2002, elle crée avec des amis « A Little Dream » une agence chargée d’organiser –encore aujourd’hui- l’animation musicale d’événements tels que des mariages, etc… pour lesquels Bevlyn Khoo chante régulièrement à l’époque. « Les premières années ont été assez difficiles mais je n’ai pas de regrets », confie la chanteuse. « J’écrivais des chansons et je faisais des démos », ajoute-t-elle. Dans ces années-là, Bevlyn Khoo est l’une des rares artistes indépendantes de la scène singapourienne.

En 2008, elle sort son premier album « Lonely Afternoon » qui remporte l’année suivante le prix du meilleur album indépendant au Singapore Entertainment Awards. Le succès de son disque lui ouvre les portes d’un label japonais avec lequel elle va sortir plusieurs albums avant de reprendre son statut d’artiste indépendant. « Lonely Afternoon » révèle aussi ses talents d’artiste polyglotte. Les six titres que compte l’album sont en mandarin, en anglais et en français, avec la reprise de « La Vie en Rose » d’Edith Piaf. Bevlyn Khoo chante aussi en japonais, et son don pour les langues est sa marque de fabrique.

…et francophile

Après avoir suivi pendant cinq ans des cours de français, l’artiste sort en 2010 « Bistro Affair » un album de jazz en français qui met à l’honneur les grands noms de la chanson française tels que Charles Aznavour, Yves Montand ou Sacha Distel… Le disque est un réel succès en Malaisie, à Hong-Kong et à Taiwan.

Bevlyn Khoo est d’ailleurs la seule chanteuse singapourienne à avoir fait tout un disque en français. « J’aime beaucoup le français mais c’est une langue très difficile que je ne pratique plus », explique la chanteuse qui aime écouter Camille et Ben l’Oncle Soul.

En 2013, elle écrit et interprète « Beautiful Purpose » lors de la cérémonie de Miss Monde organisée à Singapour.

Au total, c’est plus d’une centaine de chansons que Bevlyn Khoo a composées puis écrites sur des thèmes qui lui sont chers : des histoires d’amitié, d’amour, des expériences vécues.

Désormais, Bevlyn Khoo veut s’orienter vers la production de musique de films. C’est ce qui la rend heureuse.

Pour en savoir plus sur l’artiste:

http://www.bevlynkhoo.com

L'architecte d'intérieur, Isabelle Miaja vient d'ouvrir sa galerie d'art à Singapour.  ©Miaja Design Group

L’architecte d’intérieur, Isabelle Miaja vient d’ouvrir sa galerie d’art à Singapour. ©Miaja Design Group

C’est dans une ancienne shophouse, entièrement rénovée et modernisée, située sur Bukit Timah Road que Isabelle Miaja a choisi d’installer les nouveaux bureaux de son agence d’architecture d’intérieur mais surtout sa galerie d’art qui a ouvert ses portes la semaine dernière, en présence de l’Ambassadeur de France à Singapour, Benjamin Dubertret. Miaja Gallery est une galerie intimiste qui met en avant les œuvres de peintres, de sculpteurs et de designers, français et asiatiques. Une façon de renforcer le lien culturel entre l’Europe et l’Asie.

Pour cette franco-espagnole –précisément– installée à Singapour depuis plus de 20 ans, il s’agit d’une évolution dans sa carrière d’architecte d’intérieur. Désormais, Isabelle Miaja entend placer l’œuvre, la pièce unique d’art au centre de sa création architecturale et utiliser cette galerie comme un appui pour son agence Miaja Design. « Mes idées partent d’une pièce d’art et après cela explose en projet architectural », confie-t-elle avant d’ajouter que « la pièce d’art est le commencement d’une histoire ». D’ailleurs, elle raconte par exemple que le point de départ d’un projet d’hôtel construit aux Maldives était un bijou fait de diamants et d’ammonites.

Alors, Isabelle Miaja voyage beaucoup pour dénicher de nouveaux artistes, débusquer des œuvres uniques et découvrir les futures tendances. Elle ne s’arrête jamais. Une énergie débordante l’anime et les idées ne cessent de fourmiller. Son credo : « Be on top ! » (« Sois au top ! »). Et « En 25 ans de carrière, on ne m’a jamais révisé une présentation », raconte l’architecte d’intérieur.

Isabelle Miaja a conçu de prestigieux établissements hôteliers en Asie et au Moyen-Orient, tels que le Pullman Central Park de Jakarta, le Sofitel Hotel de Bombay ou encore le Desert Palm de Dubaï. Elle a aussi façonné l’hôtel Sofitel So de Singapour dans les moindres détails, des meubles de bar aux tableaux accrochés aux murs des chambres.

Au fil des années, la Française a acquis une certaine reconnaissance internationale et signe désormais d’un grand M arrondi ses créations. Miaja Design Group dont le siège est basé à Singapour, avec des bureaux aux Philippines et en Birmanie, compte un peu moins de 200 personnes. Le style Miaja est coloré et chaleureux. La designer n’aime pas le minimalisme.

 

Une reconnaissance internationale

Après des études de sociologie et de langues, c’est à Los Angeles que la jeune femme de 22 ans à l’époque décide de s’installer pour étudier les arts appliqués. Une fois diplômée, Isabelle Miaja ouvre son cabinet d’architecture d’intérieur. La Parisienne, séduite par le rêve américain travaille pendant dix ans en Californie pour de grandes agences de design avant de s’installer à Singapour en 1994.

Son père est joaillier, son grand-oncle est le poète espagnol Federico Garcia Lorca. Isabelle Miaja est elle aussi artiste: elle vient de lancer sa propre collection de coussins et de sets de table flanqués de détails urbains propres à Singapour.

Elle apprécie la poésie et l’histoire. Parfois, elle mêle les deux en écrivant notamment des poèmes sur Napoléon Bonaparte qu’elle envoie à chacun de ses trois enfants.

Déterminée, Isabelle Miaja poursuit ses rêves de jeunesse listés un jour sur une feuille lorsqu’elle avait une vingtaine d’années. Avant Noël, elle pourra cocher la case « créer mon propre thé ». D’ailleurs, elle devrait bientôt se consacrer à l’assemblage des arômes mais elle sait déjà que son thé –à son nom– dégagera quelques notes de « feuilles mouillées ».

Sur cette liste aux souhaits les plus fous, figurait déjà l’envie d’ouvrir sa galerie d’art. Isabelle Miaja est comblée, elle vient de réaliser son rêve.