Melissa Lam alias the Bamboo Straw Girl, est devenue à Singapour la spécialiste des pailles en bambou.
De son sac à main, Melissa Lam sort un étui en tissu réalisé à partir de chutes de batik indonésien, avec à l’intérieur une paille en bambou et son goupillon. Depuis près de 5 ans, la jeune singapourienne de 27 ans ne se sépare plus de ses accessoires devenus indispensables à son quotidien.
C’est en voyageant il y a quelques années avec des amis de nationalités différentes et sensibles aux sujets environnementaux que Melissa Lam prend conscience de ces problématiques et veut adapter son mode de vie.
« Au départ, je voulais juste changer mes habitudes, car même si à Singapour on ne voit pas les déchets, ceux-ci vont bien quelque part », explique-t-elle. Melissa Lam décide alors d’utiliser des pailles en bambou pour remplacer celles en plastique jetables. Pour elle, boire avec une paille en bambou dans un café, « c’est plutôt cool » et cela suscite la curiosité des voisins de table donc « c’est aussi une excellente façon d’entamer une discussion ! »
« Mes deux premières pailles ont été taillées à partir de chutes de bambou et provenaient de l’atelier d’un artisan qui travaille le bambou au Japon », précise la jeune femme qui a toujours aimé l’artisanat réalisé à partir de cette plante.
« Mes amis ont trouvé l’idée folle et ridicule mais je savais que si je continuais à utiliser ces pailles en bambou, ils finiraient par y voir un intérêt. Après deux semaines d’utilisation, ils m’en ont réclamé », poursuit-elle. C’est donc en 2013 que Melissa Lam décide d’en faire fabriquer en Indonésie, dans des villages au bord de la mer, à Bali ou Java.
« J’ai commencé ma petite affaire sur Instagram. Des clients notamment aux États-Unis me commandaient des pailles pour boire des smoothies. Puis, j’ai fait un site Internet mais ce n’est que depuis 2017 que le business s’est véritablement développé », confie celle qu’on surnomme désormais the Bamboo Straw Girl.
Aujourd’hui, Melissa Lam gère une production de plus de 20.000 pailles par mois et compte des clients Singapouriens, Américains, Coréens et Australiens. Son offre produit s’est aussi élargie à divers objets écologiques du quotidien tels que des brosses à dents, des couverts, des gourdes en bambou ou même des savons, des déodorants et des sachets de thé en coton réutilisables…
L’entrepreneuse est tous les jours en contact avec ses partenaires indonésiens qui lui fabriquent ses pailles, ses pochons en batik et autres objets en bambou. « Depuis que je travaille avec eux, j’ai pu noter une amélioration de leur niveau de vie dans le village, c’est une relation à bénéfices mutuels », confie Melissa Lam.
Et l’activité est aussi respectueuse de l’environnement. Car « une fois coupé, le bambou ne meurt pas mais repousse en à peine un mois », précise-t-elle avant d’ajouter que « le bambou a la forme naturelle d’une paille, il pousse ainsi, tout est naturel. »
Melissa Lam gère ses commandes et son entreprise sociale de son domicile, situé à Jurong, à quelques rues de chez ses parents. Elle partage avec sa sœur un appartement qui lui sert aussi de salle de classe. Depuis dix ans, Melissa Lam donne des cours d’anglais à plus d’une cinquantaine d’enfants. Sept jours sur sept, elle accueille des petits groupes d’élèves fidèles avec qui elle aime discuter de sujets environnementaux. « Mes élèves ont tous mes produits, ce sont mes meilleurs ambassadeurs », dit-elle en souriant.
Débordante d’énergie, Melissa Lam jongle entre ses deux activités, ses deux téléphones et ses différents comptes Instagram. La jeune femme se sent libre et aime ce qu’elle fait au point de vouloir combiner ses deux passions : l’enseignement et la nature. Melissa Lam rêve de créer une école verte pour que les enfants puissent découvrir le week-end des activités en extérieur. Un projet qu’elle garde dans le coin de sa tête.
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