Frédérique Bedos, fondatrice du « Projet Imagine », portrait d’une femme authentique, une héroïne d’exception.
Frédérique Bedos, c’est un sourire radieux, un cœur rempli d’amour, une énergie inégalée… La journaliste, réalisatrice et surtout fondatrice du « Projet Imagine » était de passage à Singapour la semaine dernière, pour présenter notamment à l’INSEAD et au Lycée Français de Singapour, son ONG, pour que de l’inspiration naisse l’action… Portrait d’une femme authentique au parcours hors du commun.
Diplômée de l’École du Louvre et spécialiste d’égyptologie, la jeune femme à peine âgée de 23 ans à l’époque, est repérée dans un restaurant par le dirigeant américain de la chaîne Fashion and Design TV. Celle qui rêvait avec passion de pharaons et de pyramides, commence alors de façon imprévue une carrière de journaliste à New-York, à Londres et à Paris. Animatrice sur plusieurs chaînes de télévision et de radios – MTV Europe, France 2, M6, MCM, W9, Rire et Chansons et Europe2- Frédérique Bedos interviewe les plus grandes stars du show-bizz, et présente plusieurs évènements musicaux de renom tels que les 20 ans des MTV Europ Music Awards ou encore les Victoires de la Musique.
Mais en 2008, elle commence à porter un regard critique sur le métier qu’elle pratique depuis tant d’années. Pour Frédérique Bedos, « il est hors de question de mettre son énergie au service de médias qui diffusent la peur ». Elle constate que la qualité des programmes diminue, la violence envahit les écrans et les informations les plus déprimantes sont diffusées en boucle sur les chaînes de télévision.
Frédérique Bedos ne veut pas exercer ce journalisme là. Au même moment, c’est son histoire personnelle qui remonte à la surface. Une histoire émouvante qui laisse des traces et qu’elle raconte dans son livre « La petite fille à la balançoire » sorti en 2013 (ed. Les Arènes 2013, réed. « J’ai Lu » 2015 »).
Une enfance hors du commun
Née d’un père haïtien qu’elle n’a jamais connu et d’une mère à la santé fragile, Frédérique Bedos est secourue par une famille d’accueil modeste du Nord de la France. Marie-Thérèse et Michel, ses parents adoptifs ont sauvé au fil des années une vingtaine d’enfants que l’on disait ‘’inadoptables’’, à cause de blessures ou de handicap trop lourds. « Mes parents adoptifs se sont laissés porter par leur cœur et ils ont pris le risque d’aimer ».
Dans une petite maison à Croix, Frédérique Bedos grandit au milieu d’une ribambelle d’enfants d’origines différentes. Parmi ses frères et soeurs, il y a Cathy qui est sourde profonde, Gaston, qui est défiguré et qui a perdu la vue en tombant dans un feu, Pierre-Vincent qui est né sans bras ni jambes mais aussi Virginie de Corée du Sud, Helen d’Inde du Sud, Lina et Nary, deux sœurs cambodgiennes… « Tout n’était pas facile à la maison mais qu’est-ce qu’on a pu rire », raconte émue Frédérique Bedos. « On était de tous les continents, de toutes les cultures, de toutes les religions et atteints de différentes blessures. Il y avait tout pour nous séparer et tout pour nous faire peur, mais l’amour nous a permis de tout surmonter. », confie-t-elle.
« En 2008, je refais le puzzle et me rends compte que mes parents sont des héros, des héros humbles car la gloire n’a jamais été leur moteur. Et je réalise que des héros de ce type, il y en a partout dans le monde », explique la jeune femme. Alors elle quitte le monde des médias traditionnels. Finis les paillettes et les projecteurs.
En 2010, Frédérique Bedos crée une ONG qui s’appelle « Le Projet Imagine » et qui est encore aujourd’hui la seule ONG d’information dans le monde. Pratiquer « le journalisme avec espérance », c’est devenu son objectif. « Ce n’est pas du journalisme positif ou de bonnes nouvelles », précise-t-elle. Elle veut regarder les problèmes bien en face, profiter de la puissance de frappe des médias pour diffuser l’espérance et donner aux citoyens l’envie d’agir. Son slogan « de l’inspiration naît l’action ».
Sa manière à elle de raconter les histoires est différente. La journaliste professionnelle qu’elle est, veut s’intéresser aux gens et dresser en image le portrait de ces héros humbles. Qui sont-ils ? « Ce sont ceux qui soulèvent des montagnes, qui sont dans le dépassement de soi mais pas pour eux-mêmes, toujours pour la communauté qui les entoure et au-delà », définit Frédérique Bedos. Elle commence l’aventure avec de tous petits moyens et une caméra empruntée. Mais très vite, elle reçoit des messages d’encouragements, des petits chèques et l’aide de bénévoles.
Le Projet Imagine rayonne à travers le monde
Depuis presque dix ans, le Projet Imagine a réalisé une trentaine de cours, moyens et longs métrages. Son premier film, « Des Femmes et des Hommes » a été sélectionné au Festival de Cannes en 2016, a reçu le Prix d’Argent du meilleur film documentaire aux Deauville Green Awards en 2016 et devient la référence internationale sur le thème de l’égalité femmes-hommes dans le monde. Son second long métrage, « Jean Vanier, le Sacrement de la Tendresse » est sorti sur grand écran en France en janvier dernier. Cet hommage au fondateur de l’Arche a, lui aussi, été sélectionné au Festival de Cannes, cette fois en 2017.
Le Projet Imagine, désormais doté du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations-Unies, a ainsi obtenu une vraie reconnaissance internationale et institutionnelle. Frédérique Bedos, a elle reçu en 2017, les insignes de chevalier de l’Ordre National du Mérite et a été primée cette année à Miami du « Women who make a difference » Award de la part de l’International Women’s Forum (IWF).
L’ONG qui s’appuie désormais sur un réseau d’environ 45O bénévoles à travers le monde, a également conçu des programmes d’accompagnement vers l’action qu’elle déploie au sein des écoles, des entreprises ou même des prisons pour que l’action de ces héros discrets en inspire d’autres.
Des risques, Frédérique Bedos en a pris toute sa vie et continue d’en prendre aujourd’hui. Mais ça en vaut la peine ! Son ONG porte un message d’amour, l’antidote à la peur.
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Merci pour cette article passionnant !