Le Printemps fleurit à peine au Népal mais avant que les pluies de la mousson estivale ne s’abattent sur l’Himalaya, Jeremy Tong s’apprête à gravir l’Everest. Le Singapourien de 27 ans, arrivé à Katmandou la semaine dernière, devrait commencer d’ici quelques jours son acclimatation à l’altitude puis son ascension si les conditions météorologiques le permettent. Il veut devenir le plus jeune Singapourien à escalader le plus haut sommet du monde.
Cette fois-ci, il est plus que jamais déterminé à atteindre le célèbre sommet qui culmine à 8.848 mètres d’altitude. En 2017, il avait du renoncer à seulement 150 mètres et 1h30 de l’arrivée sur le toit du monde, de peur de perdre ses orteils déjà engourdis par le froid.
Une intense préparation physique et mentale
Cette année, Jeremy Tong s’est entre autre équipé de semelles chauffantes à batterie qui devraient lui permettre de garder ses pieds au chaud malgré les températures extrêmes pouvant avoisiner les -45°C.
Il est aussi plus préparé mentalement qu’il y a deux ans. Jeremy Tong a su transformer cette expérience malheureuse de 2017 en un succès : il en est revenu en vie. Ce qui n’a malheureusement pas été le cas de cette personne dont il a vu le corps inerte allongé à quelques centimètres de lui, lorsqu’il était à plus de 8.000 mètres d’altitude.
« J’étais sous le choc mais ma peur ne devait pas prendre le dessus, je devais rester concentré »
Jeremy Tong, aussi surnommé Ah Tong
Grimper l’Everest c’est son rêve! Et rien, ni personne ne peut l’en empêcher, pas même la naissance de son fils, il y a un mois.
L’escalade, une passion
C’est aussi un rêve de gosse. C’est à l’âge de 14 ans que Jeremy Tong a escaladé sa première montagne, le Mont Ophir en Malaisie. Depuis, l’escalade est devenue sa passion et même son métier. Après des études spécialisées dans les sciences du Sport et le management à la Nanyang Technological University of Singapore, il décide de devenir guide et d’organiser des treaks ou des ascensions pour d’autres. Il est aussi consultant et propose des séances de team building pour les entreprises.
« L’escalade est un sport unique, qui nous incite à repousser les limites, en prenant des décisions difficiles, mais la vie ce sont aussi des décisions difficiles ».
Au total, le jeune homme a déjà grimpé 43 montagnes et atteint les sommets de 36 d’entre elles. Le Kilimandjaro qu’il a monté deux fois, n’a plus de secret pour lui.
« Lorsque je sens que je veux abandonner, je me dis ‘’encore un pas, n’arrête pas’’ et je me rappelle mon moto ‘’l’esprit est plus fort que mon corps’’ ».
A Singapour, Jeremy Tong a su trouver une façon de s’entraîner. Il court beaucoup et monte dix à quinze fois de suite les escaliers d’un immeuble de 31 étages, avec un sac à dos de 15 kg sur son dos, et ce deux fois par semaine.
Jeremy Tong s’est envolé la semaine dernière pour le Népal, en gardant à l’esprit sa priorité, la sécurité avant tout.
« Je dois vraiment faire attention à chaque pas, jour et nuit, et être précis : clipper (le mousqueton, ndlr) et avancer ».
Jeremy Tong souhaite également cette année venir en aide aux enfants atteints de cancer. Il a décidé de soutenir la Children’s Cancer Foundation pour laquelle il espère lever 15.000 SGD. Il y a deux ans, il avait réussi à récolter 13.000 SGD pour la Singapore Cancer Society.
Le plastique est encore très ancré dans les habitudes de consommation. En 2017, ce sont plus de 800.000 tonnes de déchets en plastique qui ont été générés à Singapour, selon des chiffres de la National Environment Agency, et dont seulement 6% a été recyclés.
Les consommateurs singapouriens prennent aussi en moyenne 820 millions de sacs plastiques dans les supermarchés chaque année, soit environ 146 par personne d’après une étude commissionnée par le Singapore Environment Council l’année dernière.
Mais des initiatives locales apparaissent pour tendre à réduire cette consommation de plastique à usage unique. Comme l’ouverture il y a près d’un an d’Unpackt, un magasin qui vend sans emballage des produits alimentaires ou pour la maison. Les clients viennent se ravitailler avec leurs propres récipients, choisissant ainsi l’exacte quantité qu’ils souhaitent consommer.
C’est en regardant une vidéo sur un magasin zéro déchet en Europe que Florence Tay a eu l’idée de faire pareil à Singapour. « J’en ai parlé avec mon associé -Jeff Lam- et nous avons trouvé cette idée très pratique », explique la jeune femme de 36 ans. « L’emballage a un coût, et pour moi, payer pour quelque chose que je jette, n’a pas de sens, et pour mon associé qui vit seul, c’est difficile pour lui de finir la quantité qu’il y a dans les packaging », explique Florence Tay.
Alors les deux Singapouriens ont décidé avec leurs petites économies de monter un magasin de vrac zéro déchet pour ainsi réduire la consommation de plastique et limiter le gaspillage alimentaire.
Sur les étagères, on trouve des bocaux de toutes tailles dans lesquels sont présentés des graines, des légumes secs, des épices mais aussi du thé, du café, de l’huile d’olive ou encore des produits ménagers bio pour la maison. Il y a aussi une sélection de nombreux accessoires écologiques et tendance comme des tissus enduits de cire d’abeille, des pailles en métal ou des brosses à dents en bambou.
Le chaland étourdi qui aurait oublié ses récipients, peut se servir de ceux déposés par d’autres comme une façon de recycler ceux que ces derniers ont en trop à la maison. Les clients commencent par peser leurs « tupperware » ou autres contenants puis les remplissent, pèsent à nouveau et notent sur un bout de papier le poids de chaque ingrédient acheté. C’est une relation de confiance mutuelle qui s’est établie entre les clients souvent du quartier et les vendeurs.
Mais cette petite épicerie écolo a un truc en plus… ou plutôt en moins : ses produits sont sans marque. L’œil tant habitué à un affichage omniprésent des marques, se rend pourtant bien compte que cet endroit est différent. « Nous ne payons pas pour l’image de marque, ni pour l’emballage mais la qualité des produits est toujours là », explique Florence Tay avant de préciser « sans l’emballage, la qualité est meilleure et les produits sont plus frais car nous raccourcissons la chaîne logistique qui n’est plus que des importateurs à notre magasin. »
Environ 6 mois après l’ouverture du 1er magasin situé vers Upper Thomson Road, Unpackt a ouvert un 2ème point de vente en plein CBD à Downton Gallery afin de toucher un plus grand nombre de personnes. Mais « Unpackt » c’est aussi un jeu de mots qui introduit l’idée d’un « pacte » ou d’« un voyage ensemble pour inciter tout le monde à réduire les déchets », explique la jeune Singapourienne qui organise auprès des écoles, des universités et de ses clients, des ateliers de sensibilisation à l’environnement et à la réduction des déchets plastiques. « Ce ne sera pas viable ni pour notre entreprise, ni pour l’environnement si nous n’allons pas à la rencontre de plus de gens, pour les encourager davantage à adopter progressivement un mode de vie plus durable en achetant chez Unpackt ou en réfléchissant à la réduction de l’utilisation de produits jetables à usage unique », précise la co-fondatrice d’Unpackt. L’enseigne très dynamique participe aussi à des festivals consacrés au développement durable et lance par-ci par-là des magasins éphémères à travers toute l’île.
A la tête de cette entreprise sociale qui a vocation à recruter des personnes âgées ou des femmes célibataires, Florence Tay a même imaginé installer un espace de jeux dans l’arrière-boutique le jour où l’une de ses salariés aurait besoin d’emmener son enfant au travail. Elle-même est mère célibataire d’une petite fille de 8 ans, « la meilleure ambassadrice d’Unpackt qui partage tous les produits avec ses amis et maîtresses », conclut sa maman amusée.
Frédérique Bedos, c’est un sourire radieux, un cœur rempli d’amour, une énergie inégalée… La journaliste, réalisatrice et surtout fondatrice du « Projet Imagine » était de passage à Singapour la semaine dernière, pour présenter notamment à l’INSEAD et au Lycée Français de Singapour, son ONG, pour que de l’inspiration naisse l’action… Portrait d’une femme authentique au parcours hors du commun.
Diplômée de l’École du Louvre et spécialiste d’égyptologie, la jeune femme à peine âgée de 23 ans à l’époque, est repérée dans un restaurant par le dirigeant américain de la chaîne Fashion and Design TV. Celle qui rêvait avec passion de pharaons et de pyramides, commence alors de façon imprévue une carrière de journaliste à New-York, à Londres et à Paris. Animatrice sur plusieurs chaînes de télévision et de radios – MTV Europe, France 2, M6, MCM, W9, Rire et Chansons et Europe2- Frédérique Bedos interviewe les plus grandes stars du show-bizz, et présente plusieurs évènements musicaux de renom tels que les 20 ans des MTV Europ Music Awards ou encore les Victoires de la Musique.
Mais en 2008, elle commence à porter un regard critique sur le métier qu’elle pratique depuis tant d’années. Pour Frédérique Bedos, « il est hors de question de mettre son énergie au service de médias qui diffusent la peur ». Elle constate que la qualité des programmes diminue, la violence envahit les écrans et les informations les plus déprimantes sont diffusées en boucle sur les chaînes de télévision.
Frédérique Bedos ne veut pas exercer ce journalisme là. Au même moment, c’est son histoire personnelle qui remonte à la surface. Une histoire émouvante qui laisse des traces et qu’elle raconte dans son livre « La petite fille à la balançoire » sorti en 2013 (ed. Les Arènes 2013, réed. « J’ai Lu » 2015 »).
Une enfance hors du commun
Née d’un père haïtien qu’elle n’a jamais connu et d’une mère à la santé fragile, Frédérique Bedos est secourue par une famille d’accueil modeste du Nord de la France. Marie-Thérèse et Michel, ses parents adoptifs ont sauvé au fil des années une vingtaine d’enfants que l’on disait ‘’inadoptables’’, à cause de blessures ou de handicap trop lourds. « Mes parents adoptifs se sont laissés porter par leur cœur et ils ont pris le risque d’aimer ».
Dans une petite maison à Croix, Frédérique Bedos grandit au milieu d’une ribambelle d’enfants d’origines différentes. Parmi ses frères et soeurs, il y a Cathy qui est sourde profonde, Gaston, qui est défiguré et qui a perdu la vue en tombant dans un feu, Pierre-Vincent qui est né sans bras ni jambes mais aussi Virginie de Corée du Sud, Helen d’Inde du Sud, Lina et Nary, deux sœurs cambodgiennes… « Tout n’était pas facile à la maison mais qu’est-ce qu’on a pu rire », raconte émue Frédérique Bedos. « On était de tous les continents, de toutes les cultures, de toutes les religions et atteints de différentes blessures. Il y avait tout pour nous séparer et tout pour nous faire peur, mais l’amour nous a permis de tout surmonter. », confie-t-elle.
« En 2008, je refais le puzzle et me rends compte que mes parents sont des héros, des héros humbles car la gloire n’a jamais été leur moteur. Et je réalise que des héros de ce type, il y en a partout dans le monde », explique la jeune femme. Alors elle quitte le monde des médias traditionnels. Finis les paillettes et les projecteurs.
En 2010, Frédérique Bedos crée une ONG qui s’appelle « Le Projet Imagine » et qui est encore aujourd’hui la seule ONG d’information dans le monde. Pratiquer « le journalisme avec espérance », c’est devenu son objectif. « Ce n’est pas du journalisme positif ou de bonnes nouvelles », précise-t-elle. Elle veut regarder les problèmes bien en face, profiter de la puissance de frappe des médias pour diffuser l’espérance et donner aux citoyens l’envie d’agir. Son slogan « de l’inspiration naît l’action ».
Sa manière à elle de raconter les histoires est différente. La journaliste professionnelle qu’elle est, veut s’intéresser aux gens et dresser en image le portrait de ces héros humbles. Qui sont-ils ? « Ce sont ceux qui soulèvent des montagnes, qui sont dans le dépassement de soi mais pas pour eux-mêmes, toujours pour la communauté qui les entoure et au-delà », définit Frédérique Bedos. Elle commence l’aventure avec de tous petits moyens et une caméra empruntée. Mais très vite, elle reçoit des messages d’encouragements, des petits chèques et l’aide de bénévoles.
Le Projet Imagine rayonne à travers le monde
Depuis presque dix ans, le Projet Imagine a réalisé une trentaine de cours, moyens et longs métrages. Son premier film, « Des Femmes et des Hommes » a été sélectionné au Festival de Cannes en 2016, a reçu le Prix d’Argent du meilleur film documentaire aux Deauville Green Awards en 2016 et devient la référence internationale sur le thème de l’égalité femmes-hommes dans le monde. Son second long métrage, « Jean Vanier, le Sacrement de la Tendresse » est sorti sur grand écran en France en janvier dernier. Cet hommage au fondateur de l’Arche a, lui aussi, été sélectionné au Festival de Cannes, cette fois en 2017.
Le Projet Imagine, désormais doté du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations-Unies, a ainsi obtenu une vraie reconnaissance internationale et institutionnelle. Frédérique Bedos, a elle reçu en 2017, les insignes de chevalier de l’Ordre National du Mérite et a été primée cette année à Miami du « Women who make a difference » Award de la part de l’International Women’s Forum (IWF).
L’ONG qui s’appuie désormais sur un réseau d’environ 45O bénévoles à travers le monde, a également conçu des programmes d’accompagnement vers l’action qu’elle déploie au sein des écoles, des entreprises ou même des prisons pour que l’action de ces héros discrets en inspire d’autres.
Des risques, Frédérique Bedos en a pris toute sa vie et continue d’en prendre aujourd’hui. Mais ça en vaut la peine ! Son ONG porte un message d’amour, l’antidote à la peur.
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