En 1967, la Petite Ecole française de l'étranger est installée à Scotts Road. ©LFS

En 1967, la Petite Ecole française de l’étranger est installée à Scotts Road. ©LFS

C’est aujourd’hui et demain que se déroulent les festivités du cinquantenaire du Lycée Français de Singapour (LFS).

Dès ce matin, une cérémonie officielle qui se tiendra en présence de l’Ambassadeur de France à Singapour, Marc Abensour, du directeur de l’AEFE*, Christophe Bouchard et des représentants des autorités singapouriennes donnera le coup d’envoi des célébrations de ce jubilé.

Demain, l’établissement ouvrira ses portes pour permettre aux élèves et à leurs parents de découvrir plusieurs projets réalisés dans le cadre de cet anniversaire. Parmi eux, on compte plusieurs expositions photos qui retracent l’histoire du LFS, racontent la vie de l’établissement, témoignent de la vie du quartier et montrent 50 portraits d’élèves. Un film sur le modèle des frères Lumière intitulé « 50 ans, 50 courts métrages » sera également projeté dans l’amphithéâtre et met en avant le quotidien des deux campus d’Ang Mo Kio. A 9 heures débutera également une compétition d’escalade à laquelle devraient participer environ 200 jeunes passionnés. Et le tout en musique avec deux concerts donnés par les élèves. Enfin, cette matinée Portes Ouvertes se terminera par un discours du Proviseur, Christian Soulard et du Directeur Exécutif du LFS, Axel Foucault.

50 ans d’histoire

En 50 ans, l’établissement s’est évidemment beaucoup transformé. A l’époque, « La Petite Ecole française de l’Etranger » accueille quinze élèves. La structure est fondée en 1967* par une association de parents expatriés à Singapour et travaillant pour des entreprises françaises comme Michelin ou BNP. En 1976, la Petite Ecole devient l’Ecole française avant de prendre le nom du Lycée Français de Singapour en 1989.

Au fil des années, l’école s’est agrandie et a dû déménager à plusieurs reprises. D’abord situé dans les locaux de l’Alliance française à Scotts Road, l’établissement s’est ensuite installé à Draycott Park dans les années 70, puis à Bukit Tingii dans les années 80 et enfin sur son site actuel, à Ang Mo Kio en 1999.

Le LFS a toujours dû faire face à l’augmentation croissante de ses effectifs. Ces dix dernières années, le nombre d’élèves a même plus que doublé passant de 1328 en 2008 à 2824 en 2018. « Il faut rendre hommage à la politique menée par ce lycée, explique Christian Soulard, parce que cela a toujours été l’objectif du LFS de tout faire pour accueillir les Français arrivés à Singapour pour s’y installer et le lycée a rempli sa mission au service des Français, de la communauté française et des entreprises françaises. »

Et sa mission continue. « Lorsque le total d’élèves passera à 2900, nous nous préparerons à l’ouverture du nouveau projet immobilier pour la création d’un site pour la maternelle afin que le campus d’Ang Mo Kio 2900 regroupe tout le primaire et que celui d’Ang Mo Kio 3000 soit le site du secondaire », ajoute Corrine Petit, Secrétaire Générale du Conseil Exécutif du LFS.

Aujourd’hui, le LFS compte aussi 270 professeurs et 380 membres du personnels.

L'Ecole française se trouve à Draycott Park en 1980 avant de s'installer à Bukit Tinggi. ©LFS

L’Ecole française se trouve à Draycott Park en 1980 avant de s’installer à Bukit Tinggi. ©LFS

Les défis du LFS

L’internationalisation est clairement un objectif du LFS. Avec environ 10% de ses effectifs qui ne sont pas Français, le LFS souhaite s’ouvrir aux autres communautés. « C’est ancré dans l’ADN de l’établissement d’accueillir des élèves de d’autres horizons », précise Christian Soulard.

L’idée est aussi de « bien faire percevoir que l’éducation à la française est une éducation d’excellence qui permet de garder en poche tous les choix possibles », continue-t-il. Et de poursuivre, « à l’issue de la Terminale, il faut savoir que plus de la moitié des élèves partent faire leurs études supérieures hors de France. Le LFS donne les moyens aux élèves d’obtenir un bac français avec tous les éléments pour pouvoir intégrer un système universitaire français et anglo-saxon. »

Outre « le défi du numérique » et celui de « l’éducation à la responsabilité des futurs leaders de demain », le LFS s’attèle à la question de l’apprentissage des langues. « On est en train de réfléchir à la question pour redéfinir notre politique des langues, l’améliorer, et mettre une offre plurilingue pour répondre au mieux à la demande des parents », précise le Proviseur de l’établissement. Des annonces en ce sens devraient donc être faites prochainement.

 

 

*AEFE : L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger.

*C’est l’année scolaire 2017-2018 qui célèbre le cinquantenaire de l’établissement.

Les rayons épurés du magasin We The People situé à Katong I12.

Les rayons épurés du magasin We The People situé à Katong I12. ©We The People

Dans ce magasin aux lignes modernes et épurées situé au 1er étage du centre commercial de Katong I12, chaque produit mis en vente et disposé comme un trophée sur son présentoir a été financé grâce à la plateforme en ligne de financement participatif, Kickstarter.

Depuis 2009, ce site Internet américain donne la possibilité aux créateurs du monde entier de lever des fonds auprès d’Internautes afin de financer leurs projets divers et variés. En tous, plus de 3,5 milliards de dollars ont été collectés grâce à une communauté de 14 millions de personnes, permettant ainsi à environ 140.000 projets de voir le jour.

Lancée 2016, la société We The People qui compte aujourd’hui 5 magasins à Singapour* vend donc des produits astucieux, imaginés par des créateurs anonymes, financés par des contributeurs via Kickstarter et tout droits sortis des lignes de production. Ce concept-store encore unique au monde offre un espace physique où les consommateurs peuvent désormais voir en vrai, ces nouveaux objets. « Il y a un besoin de toucher et sentir ces produits, explique Ryan Sim, l’un des quatre fondateurs de la marque. Ces produits sont tellement nouveaux que personne ne les a jamais vus, ils n’ont pas assez de légitimité et de crédibilité pour que cela fonctionne en ligne. Les gens achètent des produits dans lesquels ils ont confiance et un espace de vente physique renforce cette confiance et offre une garantie », explique-t-il.

We The People redonne ainsi tout son sens à l’espace de vente aujourd’hui de plus en plus concurrencé par le e-commerce. Alors dans les rayons de ces magasins, une étiquette précise sous chaque produit exposé, le pays d’origine de son inventeur, le montant collecté durant la campagne de levée de fonds et le nombre de personnes ayant contribué à ce financement. Une vidéo –celle-là même qui a permis d’illustrer la campagne de « crowdfunding »*- présente le produit et explique son intérêt. We The People privilégie les accessoires, les produits liés au voyage ou à la maison. Ainsi trouve-t-on un adaptateur universel en forme de donut, une serviette de sport compacte et anti-odorante ou encore un bloc-note adhésif mais sans colle… On y voit aussi des produits inventés par des créateurs singapouriens tels qu’un jeu de société sur le thème de l’économie « Wongamania », un portefeuille minimaliste ou encore un poste de travail pliable et portatif…

 

Une communauté de fans

Mais derrière ces produits, c’est toute une communauté de contributeurs ou de fans qui supportent et financent les projets. « La communauté Kickstarter est si forte que les contributeurs vous suivent et vous soutiennent, explique Ryan Sim. Vous ne vendez pas votre produit à des consommateurs, vous les vendez à ces personnes qui deviennent le fondement de votre marque ». A peine âgé de 29 ans, Ryan Sim a déjà mené trois campagnes de financement participatif réussies pour le lancement de portefeuilles. Pour cet habitué, « avec Kickstarter, vous bénéficiez tout de suite d’une vitrine internationale. »

« Singapour est le premier pays en Asie en terme de créateurs et contributeurs Kickstarter », précise-t-il. Pas étonnant donc que We The People soit née à Singapour. D’ailleurs parmi les fondateurs, trois sont singapouriens, le quatrième est coréen. Ensemble, ils ont choisi ce nom, « We The People », pour leur marque. « Nous croyons fermement que les produits étonnants ne doivent pas nécessairement provenir de grandes entreprises. Tout le monde peut créer un produit génial –même vous ! », peut-on lire sur leur site Internet. Derrière cette devise, c’est l’idée du pouvoir de la foule, du nombre, de la communauté.

Pour 2018, We The People voit grand. Déjà présente en Corée du Sud, la marque devrait également ouvrir de nouveaux magasins dans une dizaine de pays : Malaisie, Indonésie, Taiwan, Hong-Kong, Japon, Australie, Dubaï, Suède, Tchécoslovaquie, Angleterre et même aux Etats-Unis.

Pour ses fondateurs, l’idée de We The People est aussi d’aider les gens à mettre en place leur projet. « Nous enseignons aux étudiants de deux écoles à Singapour -Nanyang Polytechnic and Singapore University of Technology and Design- les basics de Kickstarter et du financement participatif, précise Ryan Sim. Nous leur expliquons comment utiliser Kickstarter, comment créer une campagne de levée de fonds et comment lancer un produit. » De quoi ouvrir de nombreuses perspectives…

 

*We The People se trouve à Katong I12, Millenia Walk, Orchard Central, Paragon, West Gate Mall.

*Crowdfunding : financement participatif.

Irene Ong est la femme qui se cache derrière les pâtisseries Peranakan du restaurant True Blue. ©St Francis Enterprise

Irene Ong est la femme qui se cache derrière les pâtisseries Peranakan du restaurant True Blue. ©St Francis Enterprise

C’est dans sa cuisine, chez elle, à l’abri des regards indiscrets qu’Irene Ong prépare ses tartelettes à l’ananas. Elle préfère cuisiner seule et loin de l’effervescence du restaurant pour lequel elle travaille, True Blue, situé sur Armenian Street. Une façon pour elle de conserver sa précieuse recette qu’elle tient de ses grandes-grandes tantes et qu’elle a depuis améliorée au point d’en avoir deux pour contenter tout le monde.

La première recette typiquement Peranakan (la culture Peranakan provient du mariage de la culture chinoise et de la culture malaise) est croustillante avec des croisillons qui ornent le dessus de la mignardise. C’est celle-ci qui figure sur la carte des desserts du restaurant. La seconde plus moelleuse, et donc plus riche en beurre est préparée uniquement en vue des célébrations du Nouvel An chinois. Alors chaque année, durant le mois qui précède les festivités, Irene Ong s’affère en cuisine dès 5 heures du matin –et jusqu’à 22 heures- pour confectionner sans relâche chacune de ses 6.000 tartelettes à l’ananas, faites à la main et vendues –la plupart sur commande- à True Blue Space, le café attenant au restaurant Peranakan du même nom.

Pour le blogueur et critique gastronomique singapourien Seth Lui, les « Pineapple tarts » de True Blue figurent en tête de son classement des meilleures tartelettes à l’ananas de Singapour. « Les tartelettes à l’ananas (…) sont minces, larges et moelleuses. En plus de cela, la confiture d’ananas est dense et dégage une saveur douce et forte. La croûte qui s’effrite doucement avec la confiture d’ananas donne un goût légèrement contrasté qui fait ressortir l’essence de la délicatesse », peut-on lire sur le site Internet www.sethlui.com.

Et c’est en effet avec beaucoup de délicatesse que Nyonya Irene – c’est ainsi que l’on appelle les femmes Peranakan– s’adonne à ce qui est devenue sa passion. « J’ai grandi avec ma grand-mère et ses deux sœurs, elles faisaient souvent de la pâtisserie donc j’ai appris grâce à elles », explique Irene Ong. Et de poursuivre, « quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai commencé à préparer mes tartelettes à l’ananas et à faire mes propres ajustements. Au moment du Nouvel An chinois, je les vendais à mes collègues de bureau qui étaient ravis d’avoir des gâteaux pas chers. »

Depuis, Irene Ong continue de décorer soigneusement chaque tartelette une à une et de préparer elle-même sa confiture à l’odeur si parfumée. Elle coupe, presse et écrase près d’une centaine d’ananas avant d’y ajouter notamment de la cannelle et des clous de girofle. Vêtue d’un kebaya, la tenue brodée traditionnelle Peranakan, la Singapourienne de 63 ans a le sens du travail et du détail.

Les tartelettes à l'ananas, un savoir-faire gardé secret par Irene Ong. ©St Francis Enterprise

Les tartelettes à l’ananas, un savoir-faire gardé secret par Irene Ong. ©St Francis Enterprise

Ce n’est pas tant sa recette mais son savoir-faire et son procédé minutieux qui sont un secret. « Les gens veulent m’aider mais je sais qu’ils veulent juste ma recette. Moi, je veux la garder au sein de ma famille, confie-t-elle. Je n’ai pas de fille, je n’ai qu’un fils alors on me demande ce que je vais en faire de ma recette mais je réponds que je dois y réfléchir. Quand je serai plus âgée, peut-être que je la donnerai à ma belle-fille ou à mes nièces… », s’amuse-t-elle. Outre les tartelettes à l’ananas, Irene Ong confectionne également d’autres pâtisseries traditionnelles Peranakan telles que les Kueh Bangkek (cookies de tapioca à la noix de coco) ou le Sugee Cake (gâteau à base de semoule)…

Une fois passées les fêtes du Nouvel An chinois, la cousine du Chef du restaurant True Blue, Benjamin Seck, se consacrera à son autre passion : la scène. Nyonya Irene est aussi actrice sur les planches et devant la caméra.